Week-end à Sad Hill avec trois copains:
un bon, une brute et un truand
un bon, une brute et un truand
Le bon, la brute et le truand (The good, the Bad and the Ugly) est pour moi l'un des meilleurs films de toute l'histoire du cinéma. Les dernières scènes, tournées dans le cimetière de Sad Hill, sont tout simplement insurpassables. La course folle de Tuco pour retrouver la tombe d'Arch Stanton, le truel entre Clint Eastwood, Eli Wallach et Lee Van Cleef, la dernière pendaison du brave et honnête Tuco, le célèbre :"le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Toi, tu creuses"… Bon, pas la peine d'en dire plus.
En route pour le sud de Burgos et plus précisément San Santo Domingo de Silos pour visiter les lieux d'un tournage épique marqués par le génie et la folie cinématographiques de Sergio Leone.
Quelques cartes d'abord pour retrouver quatre lieux et plusieurs moments forts du film (dans l'ordre chronologique) :
- la mission de San Antonio où Tuco conduit Blondin pour le faire soigner par son frère (Monastère de San Pedro de Arlanza);
- le camp de concentration de Batterville où Angel Eyes (Lee Van Cleef) s'amuse avec les prisonniers de l'armée confédérée;
- le pont de Langstone (Branston Bridge dans la version angaise) que Tuco et Blondin font sauter pour obliger Nordistes et Sudistes à choisir un autre terrain de bataille;
- Le cimetière de Sad Hill où la tragi-comédie se conclut dans une apothéose musicale organisée par Ennio Morricone.
Premier site: La mission de San Antonio. En fait, les extérieurs ont été tournés dans la région d'Almeria, en Andalousie (voir le précédent récit consacré à ce sujet). En effet, l'architecture du monastère de San Pedro de Arlanza ne correspondait pas du tout aux paysages d'un film supposé se dérouler dans le sud des États-Unis à la fin de la guerre de Sécession. Il est actuellement en rénovation et il en avait rudement besoin. La partie où se trouvaient les chambres des moines (et donc celle où Blondin a été soigné) a d'ailleurs complètement disparu.
Celles et ceux qui ont un œil d'aigle ont pu apercevoir une assez vaste construction perchée sur la colline qui domine la chambre de Blondin.
Il s'agit en fait de l'ermitage de San Pelayo que l'on voit très bien depuis le monastère de San Pedro.
Après avoir quitté la mission de San Antonio, Tuco et Blondin se font arrêter par les Nordistes et sont expédiés manu militari dans le camp de Batterville, un sale endroit pour passer des vacances. Les associations locales qui veillent à entretenir le souvenir de Sergio Leone ont bien balisé le chemin.
Malheureusement, le site est inaccessible. Le propriétaire du terrain l'a ceinturé d'un grillage surmonté de fers barbelés. On peut y découvrir quelques lambeaux de vêtements ayant appartenu soit à des fans qui voulaient entrer malgré tout, soit à des prisonniers sudistes désireux de s'échapper.
De toute façon, d'après ce que l'on dit, il ne reste rien sur place. On notera néanmoins que les paysages des alentours correspondent bien à l'ambiance du film.
La bataille du pont de Langstone est un grand moment de cinéma. On ne reviendra pas sur le fait qu'il a fallu faire sauter trois fois le pont pour réussir à immortaliser la scène. Le capitaine alcoolique chargé de conduire les assauts du côté nordiste est un superbe personnage dont les discours devraient être un antidote à tous les rêves de guerre. Il ne reste plus rien aujourd'hui du champ de bataille et de ses tranchées. Le pont a été parfaitement détruit par Tuco et Blondin. Pourtant, on ne peut pas se tromper: c'est bien là que les scènes ont été tournées.
On a cru avoir trouvé la base en pierres d'un des piliers du pont mais il s'agit en fait de la fin d'un mur ancien qui apparait sur les images de la bataille.
Une dernière étape, la plus belle et la plus émouvante : le cimetière de Sad Hill (la colina triste en espagnol). On le découvre d'abord depuis le haut de la piste carrossable qui part de Santo Domingo de Silos. C'est une vue à couper le souffle.
Quand on s'approche de l'entrée (gratuite) plusieurs panneaux et petits monuments (dont une silhouette de Clint) mettent les visiteurs et les visiteuses dans l'ambiance mais sans transformer le site en mini-Disneyland. Les membres de l'Asociación Cultural Sad Hill (http://www.acsadhill.es/) ont fait un superbe boulot.
On peut alors pénétrer dans ce lieu mythique et s'égarer parmi les milliers de tombes comme Tuco l'a fait avant nous.
En fait, il n'est pas difficile d'arriver jusqu'à la tombe d'Arch Stanton !
On peut alors prendre une pierre et faire semblant d'écrire un nom.
On la dépose ensuite au centre de la grand place circulaire qui occupe le centre du cimetière.
Il est temps de laisser parler la poudre.
Et enfin, un dernier clin d'œil à celui qui a su créer un monde dans lequel on peut toujours faire semblant de vivre…