UAM-EHESS
DEUXIEME COLLOQUE INTERNATIONAL
14-15-16 octobre 2008
LE SIGNE ET LA CHOSE.
THEORIES ET PRATIQUES DE LA REPRESENTATION DANS LES SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES
DEUXIEME COLLOQUE INTERNATIONAL
14-15-16 octobre 2008
LE SIGNE ET LA CHOSE.
THEORIES ET PRATIQUES DE LA REPRESENTATION DANS LES SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES
S’il est vrai que représenter vient du latin repraesentare, le mot est dès l’origine polysémique puisqu’il signifie à la fois « rendre présent, mettre devant les yeux », mais aussi « reproduire, être l’image de » . La représentation n’est donc pas seulement une manière de figurer ou de d’imaginer un objet absent (ou inconnu), c’est aussi et surtout un processus cognitif socialement élaboré qui permet de faire le lien entre l’objet et son interprétation par un sujet (individu ou groupe) dans des contextes culturels fortement différenciés. En France, depuis les travaux de S. Moscovici et D. Jodelet, l’étude des représentations sociales occupe une place importante dans l’analyse des comportements individuels et collectifs fondés sur le recours à des savoirs communs et partagés qui favorisent la compréhension et la maîtrise de l'environnement social, qu’il soit matériel ou idéel. Mais la notion de représentation dépasse largement le cadre de la psychologie sociale et intéresse l’ensemble des sciences de l’homme car elle permet de faire le lien entre la chose et le signe (ou, comme le disait Michel Foucault de manière plus restrictive, entre « les mots et les choses »), c’est-à-dire entre le réel et la perception du réel par les individus au sein d’une société donnée. Déjà en 1912, dans Les formes élémentaires de la vie religieuse, Émile Durkeim s’était intéressé aux « représentations collectives » qui expriment des réalités communes au sein de groupes assemblés. Dès 1950, Maurice Halbwachs a posé quant à lui le problème d’une théorisation de la « mémoire collective » qui joue sur les représentations car, d’après lui, les références individuelles ne peuvent être comprises que dans le contexte d’une structure plus large dont on partage à la fois les valeurs morales et politiques ainsi que le système de pensée. Comme le disait à cet égard le géographe André Bailly : « L’étude des représentations spatiales nous interroge donc sur les modalités d’appréhension du monde et le statut du réel, c’est-à-dire le problème de l’adéquation entre la réalité , ce que nous percevons et nos discours sur la réalité » (Bailly, 1992 : 372).
Pour comprendre la complexité de ces relations, tout travail sur les représentations doit se faire à différentes échelles, en procédant par boucles rétroactives qui permettent d’analyser les discours et de mesurer l’écart entre l’objet (la réalité) et le signe (à la fois image perçue et support matériel de la perception) en utilisant les outils et les méthodes de l’ensemble des sciences sociales et humaines. C’est pourquoi la UAM et l’EHESS ont décidé de consacrer leur deuxième colloque international à cette question centrale qui favorise le dialogue et l’échange entre les disciplines universitaires tout en répondant à une véritable demande sociale. En effet, dans un monde globalisé où se diffusent les stéréotypes d’une civilisation dominante, il apparaît de plus en plus nécessaire de s’interroger sur le triangle réalité-représentation-identité qui alimente les discours communautaristes et accélère la fragmentation du corps social. De la même manière, pour relativiser le foisonnement des images qui caractérise les sociétés postmodernes et réduit la distance entre le réel et le virtuel, il est indispensable de reconnecter la chose et le signe en redonnant du sens aux deux termes de la dichotomie. Car la représentation n’est pas seulement un processus social, c’est aussi un discours scientifique et une pratique (outils et techniques de la figuration) dont l’étude permet d’approfondir notre connaissance des sociétés et de comprendre leur évolution dans le temps et dans l’espace.