Séminaire Ville, société, justice
Vendredi 9 mars 2012
105 Bd Raspail
Salle 11
9H-11
Sécurité, territoire, population.
L'État et la société dans la série The Wire
Guillaume Vergne
Vendredi 9 mars 2012
105 Bd Raspail
Salle 11
9H-11
Sécurité, territoire, population.
L'État et la société dans la série The Wire
Guillaume Vergne
The Wire se prête extrêmement bien à une analyse en termes foucaldiens, mettant en évidence que toute relation est relation de pouvoir, et que ce pouvoir est multilatéral, polymorphe, mobile, et nous semble illustrer parfaitement ce qui peut être dit de l'Etat dans Sécurité, territoire, population. Il ressort en effet du visionnage de The Wire la même impression qu'à la lecture de Foucault, une impression de tiraillement entre la formidable entreprise critique qui nous donne enfin le sentiment d'être lucide sur ce qui nous détermine, et le pessimisme que cette lucidité engendre. Comme le dit le major Colvin, " when do this shit change ?".
Le constat fait par The Wire est ravageur, comme celui de Foucault, mais quelles contre-propositions politiques The Wire formule-t-elle ? Elle nous donne prise sur notre quotidien, mais nous permet-elle d'aller au-delà d'un certain "localisme" - ce qui est certes déjà beaucoup - mais mettant les infrastructures hors de notre portée ? Pour le dire autrement, quelle est la vision de l'Etat de The Wire ? La lecture foucaldienne vient immédiatement à l'esprit, mais d'autres sont également possibles, divergentes. Les maux de Baltimore proviennent-ils d'une logique étatique arrivée à la limite de ses apories ? En ce sens, une confrontation entre Foucault et Clastres nous semble des plus intéressantes : l'Etat souffrirait du fait qu'il n'a jamais été autant Etat, ce qui, paradoxalement, verrait augmenter son impuissance à mesure de l'extension de son périmètre. Ou à l'inverse, The Wire décrirait-elle bien plutôt les conséquences désastreuses de la mort programmée de l'Etat, s'inscrivant dès lors dans la nostalgie d'un Etat interventionniste et fort, dont la carence aurait pour conséquence une société déboussolée sans idéal régulateur ? L'exposition tout en nuances de The Wire ne permet bien sûr pas de trancher, mais nous ouvre encore une fois à une réflexion stimulante sur les macro-problèmes qui touchent néanmoins au plus près de notre expérience.
http://skhole.fr/the-wire