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ECD4. Théories et pratiques de la comparaison

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darkalain

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Théories et pratiques de la comparaison
Salle Lombard
96 Bd Raspail
75006 Paris
13H-15H

Mardi 27 novembre 2012

Eurovegas et l’industrie maquiladora : peut-on établir des parallélismes?
Jesús Carrión
Lucas van Wunnik

Depuis le début de l'année 2012, des négociations ont eu lieu entre le magnat du jeu nord-américain - Mr.Adelson - et les régions de Madrid et de Barcelone pour installer un grand complexe en Espagne (Eurovegas). Mais à quelles conditions la compagnie de Mr. Adelson (Las Vegas Sands) est-elle prête à investir en Catalogne ou à Madrid? Il y a quelques mois, l’on parlait d’une exonération, pendant deux ans, du paiement des cotisations sociales et de tous les impôts (nationaux, régionaux et locaux), d’une flexibilisation du statut des travailleurs, d’une garantie par l'Etat d'un prêt de € 25 millions, de la construction de nouvelles infrastructures (métro, routes, liaisons ferroviaires à grande vitesse), de changements dans la loi anti-tabac pour que l’on puisse fumer dans les casinos du complexe, etc. (García Gallo, 2012). En septembre 2012, Las Vegas Sands annonça sa décision : elle choisit Madrid.

Toutes ces conditions posées par l'investisseur étranger nous rappellent les conditions avantageuses dont bénéficient les entreprises de l'industrie maquiladora du Nicaragua - une industrie qui se compose principalement d’usines du secteur de l’habillement de capital étranger qui opèrent dans des zones franches industrielles d'exportation. Ces entreprises ne paient pas d'impôts et ne paient pas de droits de douane sur les biens intermédiaires importés (Carrión, 2010).

L'étude, en 2007, de la plus grande entreprise maquiladora au Nicaragua – une entreprise de l’habillement taïwanaise (environ 16.000 travailleurs) – montra le caractère d’enclave de ses usines au Nicaragua: elles étaient des centres de coûts qui ne réalisaient pas toutes les fonctions d’une entreprise « complète » ; elles n'avaient pas de liens avec des fournisseurs locaux (presque tous les inputs matériels étaient importés) et les postes de responsabilité étaient occupés par des expatriés. En outre, cette entreprise était potentiellement mobile en raison de ses faibles investissements irrécupérables (sunk investments) au Nicaragua : elle louait les bâtiments à l'intérieur de zones franches, les machines (machines à coudre, machines à laver, etc.), qu’elle utilisait, étaient facilement transportables vers d'autres pays, elle n'avait pas de liens avec les fournisseurs locaux, ses travailleurs nicaraguayens occupaient, dans leur grande majorité, des emplois d’ouvrier à faible qualification (sur la ligne de production), etc. Cette flexibilité de localisation lui donnait un important pouvoir lors des négociations avec les syndicats et le gouvernement nicaraguayen (van Wunnik, 2011).

Notre étude tente de rechercher des similitudes et des différences entre les deux cas. Nous les recherchons dans deux domaines :

1/ Dans le domaine du pouvoir de négociation de l’investisseur étranger par rapport aux agents locaux (gouvernement, syndicats, etc.)
2/ Dans le domaine de l’impact de ce genre d’investissement étranger sur le potentiel de développement économique du territoire d’accueil. (Dans les deux cas, nous sommes en présence d’une enclave.)

Peut-être notre approche n’est pas très scientifique : les territoires d’accueil des deux cas sont fort différents, l’activité de l’investisseur étranger dans les deux cas est tout à fait différente (service vs. industrie manufacturière), etc. Mais l’idée qui trotte dans notre tête est d’étudier, à partir de ces deux cas, si l’industrie maquiladora ne préfigure pas l'avenir de l'économie non seulement des pays en développement, mais aussi des pays industrialisés, surtout dans le contexte actuel de la crise économique actuel.

Bibliographie

Carrión, J. (2010). La Ir-Responsabildad de Unión Fenosa: Nicaragua, Colombia y Guatemala,Observatori del Deute en la Globalització, Barcelona.{http://www.odg.cat/documents/publicacions/unionfenosa_cast.pdf}

Dicken P. (2007), Global Shift: Mapping the Changing Contours of the World Economy (5th Edition), Sage, London.

García Gallo B. (2012), « Eurovegas no quiere impuestos », El País, 7/7/2012.

Kobrin S.J. (1987), « Testing the bargaining hypothesis in the manufacturing sector in the developing countries », International Organization, Vol. 41, nº 4, 609-638.

Michalet C.-A. (2004), Qu’est-ce que la mondialisation ?, La Découverte, Paris.

van Wunnik L. (2011), « L’entreprise multinationale dans l'industrie maquiladora du Nicaragua (2007 versus 1998) : l'enclave reste enclave », Annales de Géographie, nº 679, 266-294.

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