Retour à Almeria:
les fantômes de Mesa Verde et d'El Paso
les fantômes de Mesa Verde et d'El Paso
Sur un chemin poussiéreux, trois ombres symboliques dressent leur forme obscure… Les fantômes léoniens veillent sur la Venta de los Callejones.
Après un premier voyage riche d’enseignements sur les traces du western spaghetti en Andalousie, nous avons décidé de retourner sur place (août 2017) en suivant les instructions d’un livre précieux : La Almeria de Sergio Leone, de Juanen Pérez Miranda et Juan Gabriel García (Instituto de Estudios Almerienses, 2016).
Note : Désireux de préserver l’image de la personne honorablement connue à Almeria qui nous a accompagnés dans cette nouvelle odyssée, nous ne désignerons Juan Cordoba que par ses initiales : J.C. Comme son visage est le plus souvent à découvert, nous demandons aux lecteurs et aux lectrices de fermer les yeux quand il apparaît afin de lui conserver son anonymat.
Le point de départ de ce parcours-découverte est la gare d’Almeria, ou plutôt celle de Mesa Verde dans Il était une fois la révolution. Juan Miranda (Rod Steiger) y débarque avec sa bande et sa famille avec l’intention de s’emparer du trésor de la banque, sans savoir qu’il finira par devenir un héros malgré lui de la révolution. Aujourd’hui, la gare est désaffectée. Une nouvelle station multimodale a été construite mais la structure du bâtiment original a été conservée. C’est un magnifique édifice datant de la fin du XIXe siècle dont on ne sait pas encore quelle sera la future affectation.
En suivant l’itinéraire proposé par Juanen Pérez Miranda et Juan Gabriel García nous prenons ensuite la direction du désert de Tabernas par l’A-92. Arrivés à la station service d’Alfaro, nous prenons la petite voie parallèle à l’autoroute qui descend vers le Tablero de Alfaro, lieu mythique du Bon, la brute et le truand, puisque c’est à cet endroit que Blondin (Clint Eastwood) et Tuco (Eli Wallach) se partagent la prime récoltée par le « bon » chasseur de prime pour avoir livré aux autorités le « truand » recherché par la police.
Malgré les effets de l’érosion, la corniche caractéristique de ce coin de désert est restée intacte. Il semblerait cependant que le partage de la prime avec J.C. ne se passe pas très bien…
L’étape suivant est émouvante. L’auberge dans laquelle le colonel Mortimer se frotte à la bande d’El Indio dans Pour quelques dollars de plus, n’est plus qu’un tas de ruines. Il est impossible de retrouver la salle où Lee Van Cleef abat Klaus Kinski, transformé par Sergio Leone en bossu psychopathe.
Certains lieux de tournage ont été transformés en parc d’attraction. C’est le cas d’Oasys Mini-Hollywood, village bâti en 1965 pour tourner des scènes centrales de Pour quelques dollars de plus. Il s’agissait alors de la ville d’El Paso, réutilisée ensuite à plusieurs reprises dans Le bon, la brute et le truand.
Malgré quelques transformations dans le bâti, on reconnaît parfaitement les paysages – en particulier la montagne pelée située en arrière-plan.
Le saloon est aujourd’hui baptisé The Yellow Rose. Les fenêtres du premier étage ont été modifiées mais le rez-de-chaussée est parfaitement reconnaissable.
A l’intérieur, l’ambiance est toujours torride. Quand les danseuses de French-Can-Can sont au repos, les cowboys assoiffés n’hésitent pas à jouer du revolver.
L’un des bâtiments les plus reconnaissables d’El Paso est cet immeuble au fronton composé de trois arches entourées d’un balcon qui héberge aujourd’hui le bureau du shériff.
Cependant, c’est la banque d’El Paso qui suscite toutes les convoitises, et pas seulement dans Pour quelques dollars de plus. Plusieurs éléments de l’édifice ont été modifiés mais la structure reste parfaitement reconnaissable.
Dans ces bourgades de l’Ouest, même les cimetières ne sont pas des lieux de tout repos. Le marshall doit intervenir entre les tombes pour faire respecter la loi.
Juste à la sortie de Mini Hollywood (mais avant de quitter le parking), en prenant la petite route goudronnée qui longe la palissade, on trouve quelques armatures en bois. C’est tout ce qui reste du pont suspendu emprunté par Tuco dans Le bon, la brute et le truand pour rejoindra la ville où il trouvera chez un armurier terrifié l’arme dont il a besoin pour se venger de Blondin.
En suivant cette route pendant deux kilomètres, on atteint sur la gauche une piste qui s’enfonce dans les collines. Le chemin n’est pas très carrossable et il vaut mieux le terminer à pied. L’effort en vaut la peine car on arrive à un lieu incontournable de l’univers léonien : là où Miranda et Mallory tendent une embuscade aux soldats du gouverneur (Il était une fois la révolution). Après les avoir forcés à se réfugier sous le pont qui traverse le ravin, James Coburn fait sauter la dynamite qu’il a dissimulée sous les piliers. Les vestiges du pont sont toujours là mais il vaut mieux apporter sa Winchester pour se défendre en cas de besoin…
Ce sommet du western ne doit pas nous empêcher de trouver de nouveaux sites. En allant vers la célèbre plage de Monsul où a été tourné Indiana Jones et la dernière croisade (scène où Sean Connery fait s’envoler des mouettes avec son parapluie), on peut s’arrêter au Cortijo de los Genovenses. Dans Pour quelques dollars de plus, le bâtiment principal n’est autre que la prison d’Alamo Gordo que Clint Eastwood attaque pour délivrer un homme de main d’El Indio.
Si rien n’a changé depuis cette époque, ce n’est pas le cas du cortijo El Sotillo, situé juste à la sortie de San José. Transformée en hôtel, la petite ferme où Clint Eastwood vient boire au début de Pour une poignée de dollars a perdu une partie de son âme.
Plus loin sur la côte, une fois passé le village de Rodalquilar, il faut se diriger vers la plage El Playazo. Sur le chemin, on rencontre une grande tour carrée entourée de murs connue sous le nom de Torre de los Alumbres ou de Castillo de Rodalquilar.
Cette construction du XVIe siècle a été utilisée à deux reprises par Sergio Leone. La première fois dans Pour quelques dollars de plus afin de servir de décor extérieur pour le refuge de la bande d’El Indio.
Quelques années plus tard, pour Il était une fois la révolution, le réalisateur l’a remodelée en ajoutant un clocher que Mallory et Miranda feront allègrement sauter en pleine nuit.
Le voyage s’achève avec une dernière visite, celle de la ferme où l’infâme Lee Van Cleef massacre de sang froid la famille de Stevens dans Le bon, la brute et le truand (cortijo Hoya Altica, près de Retamar sur la route AL-3115). Aujourd’hui cerné par des serres géantes, l’édifice est en ruine mais on peut encore reconnaître certains éléments caractéristiques de son architecture.
Après un premier voyage riche d’enseignements sur les traces du western spaghetti en Andalousie, nous avons décidé de retourner sur place (août 2017) en suivant les instructions d’un livre précieux : La Almeria de Sergio Leone, de Juanen Pérez Miranda et Juan Gabriel García (Instituto de Estudios Almerienses, 2016).
Note : Désireux de préserver l’image de la personne honorablement connue à Almeria qui nous a accompagnés dans cette nouvelle odyssée, nous ne désignerons Juan Cordoba que par ses initiales : J.C. Comme son visage est le plus souvent à découvert, nous demandons aux lecteurs et aux lectrices de fermer les yeux quand il apparaît afin de lui conserver son anonymat.
Le point de départ de ce parcours-découverte est la gare d’Almeria, ou plutôt celle de Mesa Verde dans Il était une fois la révolution. Juan Miranda (Rod Steiger) y débarque avec sa bande et sa famille avec l’intention de s’emparer du trésor de la banque, sans savoir qu’il finira par devenir un héros malgré lui de la révolution. Aujourd’hui, la gare est désaffectée. Une nouvelle station multimodale a été construite mais la structure du bâtiment original a été conservée. C’est un magnifique édifice datant de la fin du XIXe siècle dont on ne sait pas encore quelle sera la future affectation.
En suivant l’itinéraire proposé par Juanen Pérez Miranda et Juan Gabriel García nous prenons ensuite la direction du désert de Tabernas par l’A-92. Arrivés à la station service d’Alfaro, nous prenons la petite voie parallèle à l’autoroute qui descend vers le Tablero de Alfaro, lieu mythique du Bon, la brute et le truand, puisque c’est à cet endroit que Blondin (Clint Eastwood) et Tuco (Eli Wallach) se partagent la prime récoltée par le « bon » chasseur de prime pour avoir livré aux autorités le « truand » recherché par la police.
Malgré les effets de l’érosion, la corniche caractéristique de ce coin de désert est restée intacte. Il semblerait cependant que le partage de la prime avec J.C. ne se passe pas très bien…
L’étape suivant est émouvante. L’auberge dans laquelle le colonel Mortimer se frotte à la bande d’El Indio dans Pour quelques dollars de plus, n’est plus qu’un tas de ruines. Il est impossible de retrouver la salle où Lee Van Cleef abat Klaus Kinski, transformé par Sergio Leone en bossu psychopathe.
Certains lieux de tournage ont été transformés en parc d’attraction. C’est le cas d’Oasys Mini-Hollywood, village bâti en 1965 pour tourner des scènes centrales de Pour quelques dollars de plus. Il s’agissait alors de la ville d’El Paso, réutilisée ensuite à plusieurs reprises dans Le bon, la brute et le truand.
Malgré quelques transformations dans le bâti, on reconnaît parfaitement les paysages – en particulier la montagne pelée située en arrière-plan.
Le saloon est aujourd’hui baptisé The Yellow Rose. Les fenêtres du premier étage ont été modifiées mais le rez-de-chaussée est parfaitement reconnaissable.
A l’intérieur, l’ambiance est toujours torride. Quand les danseuses de French-Can-Can sont au repos, les cowboys assoiffés n’hésitent pas à jouer du revolver.
L’un des bâtiments les plus reconnaissables d’El Paso est cet immeuble au fronton composé de trois arches entourées d’un balcon qui héberge aujourd’hui le bureau du shériff.
Cependant, c’est la banque d’El Paso qui suscite toutes les convoitises, et pas seulement dans Pour quelques dollars de plus. Plusieurs éléments de l’édifice ont été modifiés mais la structure reste parfaitement reconnaissable.
Dans ces bourgades de l’Ouest, même les cimetières ne sont pas des lieux de tout repos. Le marshall doit intervenir entre les tombes pour faire respecter la loi.
Juste à la sortie de Mini Hollywood (mais avant de quitter le parking), en prenant la petite route goudronnée qui longe la palissade, on trouve quelques armatures en bois. C’est tout ce qui reste du pont suspendu emprunté par Tuco dans Le bon, la brute et le truand pour rejoindra la ville où il trouvera chez un armurier terrifié l’arme dont il a besoin pour se venger de Blondin.
En suivant cette route pendant deux kilomètres, on atteint sur la gauche une piste qui s’enfonce dans les collines. Le chemin n’est pas très carrossable et il vaut mieux le terminer à pied. L’effort en vaut la peine car on arrive à un lieu incontournable de l’univers léonien : là où Miranda et Mallory tendent une embuscade aux soldats du gouverneur (Il était une fois la révolution). Après les avoir forcés à se réfugier sous le pont qui traverse le ravin, James Coburn fait sauter la dynamite qu’il a dissimulée sous les piliers. Les vestiges du pont sont toujours là mais il vaut mieux apporter sa Winchester pour se défendre en cas de besoin…
Ce sommet du western ne doit pas nous empêcher de trouver de nouveaux sites. En allant vers la célèbre plage de Monsul où a été tourné Indiana Jones et la dernière croisade (scène où Sean Connery fait s’envoler des mouettes avec son parapluie), on peut s’arrêter au Cortijo de los Genovenses. Dans Pour quelques dollars de plus, le bâtiment principal n’est autre que la prison d’Alamo Gordo que Clint Eastwood attaque pour délivrer un homme de main d’El Indio.
Si rien n’a changé depuis cette époque, ce n’est pas le cas du cortijo El Sotillo, situé juste à la sortie de San José. Transformée en hôtel, la petite ferme où Clint Eastwood vient boire au début de Pour une poignée de dollars a perdu une partie de son âme.
Plus loin sur la côte, une fois passé le village de Rodalquilar, il faut se diriger vers la plage El Playazo. Sur le chemin, on rencontre une grande tour carrée entourée de murs connue sous le nom de Torre de los Alumbres ou de Castillo de Rodalquilar.
Cette construction du XVIe siècle a été utilisée à deux reprises par Sergio Leone. La première fois dans Pour quelques dollars de plus afin de servir de décor extérieur pour le refuge de la bande d’El Indio.
Quelques années plus tard, pour Il était une fois la révolution, le réalisateur l’a remodelée en ajoutant un clocher que Mallory et Miranda feront allègrement sauter en pleine nuit.
Le voyage s’achève avec une dernière visite, celle de la ferme où l’infâme Lee Van Cleef massacre de sang froid la famille de Stevens dans Le bon, la brute et le truand (cortijo Hoya Altica, près de Retamar sur la route AL-3115). Aujourd’hui cerné par des serres géantes, l’édifice est en ruine mais on peut encore reconnaître certains éléments caractéristiques de son architecture.
Un message à Clint: si tu as besoin d'un marshall pour ton prochain film, pense à moi!